Cromwell

Dans le cadre de la “Conversation des pointes et pensées”, le narrateur cite, pour exemplifier ce qu'est une équivoque, un échange de tirades entre un tyran et sa maîtresse. D’après le narrateur, ces tirades laissent penser que le tyran est Cromwell.

Actualité immédiate

La mention d’Oliver Cromwell (1599-1658) dans les Nouvelles Nouvelles a trait notamment à l’actualité immédiate du procès Fouquet. Dans le sixième tome de ses Défenses (qui commencent à paraître en 1662), le surintendant mentionne p. 261-263 une trahison possible du cardinal Mazarin envers Louis XIV, sans toutefois la révéler. Une lettre de l’ambassadeur d’Angleterre en France, lord Holles, datée du 11 mars 1664, explicite la nature de cette affaire : “On me dit qu’en poursuivant les interrogatoires sur l’affaire Fouquet on a récemment découvert de grands desseins qui avaient été agités entre Cromwell et le feu cardinal, desseins qui leur étaient personnels et au préjudice des deux couronnes”. (cité par Jean-Christian Petitfils, Fouquet, Paris, Perrin, 1998, p. 407) Les défenses de Fouquet commencent à circuler oralement et sous forme manuscrite dès 1662, année où le procès suscite un intérêt public grandissant, et période de rédaction des Nouvelles Nouvelles.

L’accusation de Fouquet se fonde sur les négociations secrètes de paix qui avaient lieu entre la France et l'Angleterre contre la Flandre espagnole. Pendant les tractations avec l'amiral Lockhart, représentant de Cromwell, Mazarin aurait profité de conclure des arrangements personnels pour son profit, voire, empêcher Louis XIV de régner. (Voir Petitfils, op. cit., p. 383-419).

Le discours sur Cromwell

Plus généralement, Cromwell constitue dans les décennies 1650-1660 une figure repoussoir en tant que régicide et révolutionnaire. Madeleine de Scudéry le qualifie ainsi de “bourreau des rois” (Chroniques du samedi, éd. A. Niderst, M. Maître, D. Denis, Paris, Champion, 2004, p. 109), à l’instar de plusieurs pièces, souvent railleuses, qui circulent dans les recueils des années 60 (c’est Cromwell qui s’exprime) :

Oubliant mon devoir et ma condition
J’ai sans respect du sang d’une illustre personne
Ensanglanté son trône, sa pourpre et sa couronne
Pour assouvir l’ardeur de mon ambition

(Suite du Nouveau recueil de plusieurs et diverses pièces galantes de ce temps, Cologne, P. Marteau [impr. factice], 1665. p. 120sq)

Il fait également l'objet d'une disputatio dans le recueil intitulé Les Poésies facétieuses par les beaux esprits de ce temps qui publie tour à tour un sonnet « Pour Cromwell » et « Contre Cromwell ».

En 1664, Sorbière, dans sa Relation d’un voyage en Angleterre (Paris, Bilaine, p. 145), cite encore Cromwell comme une figure de l’hubris, à punir. Mademoiselle de Montpensier relèvera dans ses Mémoires le conflit d’intérêts que pose Cromwell à la monarchie française : « […] Cromwell mourut en même temps. La mort du petit Conti sauva la honte que la cour aurait eue de porter le deuil de ce destructeur de la monarchie d’Angleterre.» (août-novembre 1658).

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